Eric SANVOISIN

18/06/2016 07:29

Eric Sanvoisin était lui aussi présent au Salon du livre de jeunesse "Aix Libris" qui s'est déroulé du 9 au 12 juin .

Cela fait deux fois que je le rencontre et je dois dire que c 'est un auteur très accessible et particulièrement interessant. Bourreau de travail, il s 'astreint à une discipline de fer et écrit tous les matins de 5 h à 7 heures avant de prendre son service de bibliothéquaire.

Boulimique de l 'écriture, il racontait à l'occasion d'une table ronde qu'il partageait avec deux autres auteurs qu'écrire pour lui était un temps de respiration nécessaire et que lorsqu'il avait terminé une histoire, il avait hâte de se replonger dans la rédaction d'une autre.

C'est réellement un auteur passionné et passionnant quoique plutôt réservé.

Pour préparer le salon en amont, je me suis replngée dans sa bibliographie. Je connaissais déjà cet auteur pour sa série Le Buveur d'encre dont j'ai lu tous les opus avec mes fils lorsqu'ils étaient petits.

J'ai voulu cette fois-ci découvrir deux de ses romans plutôt destinés aux ados à partir de 13 ans : 1,2,3... Foulard et surtout Le Parloir, véritable coup de coeur.

Résumé :

Charlotte, douze ans, est nouvelle au collège et perdue dans la vie.

Ses parents adoptifs essaient de lui faire oublier son passé tragique.

Mais tout cela s'évapore quand elle rencontre Jordan. Mystérieux, froid, beau à pleurer, il occupe toutes ses pensées. Quand il lui propose de l'initier au jeu du foulard, elle plonge les yeux fermés...

Ce que j'en ai pensé :

J'ai choisi ce livre parce qu'il aborde un sujet extrêmement sensible : le « jeu » du foulard, contre lequel il me semble plus que nécessaire de prémunir les jeunes en les informant des dangers qu'ils encourent en le pratiquant .Un roman de littérature de jeunesse me paraissait un des meilleurs moyens d'y parvenir.

Malheureusement, la lecture de 1,2,3... Foulard ne m'a pas convaincue. Certes, le roman est sous-tendu par une intense tension dramatique à laquelle le lecteur doit être confronté en raison de la gravité du thème traité.

Toutefois le récit perd en efficacité en raison de certaines digressions qui m'ont paru ennuyeuses alors qu'elles étaient vraisemblablement prévues pour ménager le suspense.

Enfin, le parti-pris d'Eric Sanvoisin de « parler jeune » pour parler aux jeunes m'a semblé plus démagogique qu'efficace tant le vocabulaire employé paraît caricatural selon moi.

Pour conclure, j'ai été un peu déçue par ce livre mais et pour ne pas rester sur cette impression mitigée, j'ai lu Le Parloir dans la foulée.

Et maintenant, place à mon coup de coeur de ces dernières semaines en littérature de jeunesse,Le Parloir.

Résumé :

Yan,juste 18 ans,se retrouve derrière les barreaux pour une sordide histoire de meurtre.Depuis la parole l'a quitté,il ne prononce plus un mot même au parloir,seul lien avec l'extérieur.

Il ne peut ni se défendre ni donner sa version des faits.De toute façon, tout l'indiffère.

Il est comme sa parole,mort à l'intérieur.

Ce que j'en ai pensé :

Avec Le Parloir, Eric Sanvoisin signe ici un roman poignant.

D'abord parce qu'il évoque les conditions d'incarcération d'un tout jeune homme de 18 ans qui n'a pas le profil d'un délinquant et que rien ne prédestinait à commettre le crime dont il est accusé.

D'autre part, parce que Yan s 'enferme dans un mutisme absolu aussi bien en cellule qu'au parloir, ce livre évoque un double enfermement:celui qui prive de liberté, et celui qui contraint à se renier en tant qu'être humain en refusant toute communication.

Le style de l'auteur renforce le sentiment d'oppression qu'engendre le milieu carcéral : tout est au présent, les phrases sont courtes, les mots cognent. Il fait parfois mal. Tout est dit avec si peu de mots que cela en devient effrayant.

Ce roman dont la fin est ouverte est bouleversant.Le lecteur s'attache au personnage de Yan qui ne fait rien pour se défendre et il assiste impuissant à son déclin.

Le Parloir un récit glaçant et à la fois magnifique.