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Des Livres et des Auteurs

Au fil de mes lectures,venez partager ma passion des livres et mes rencontres avec certains de leurs auteurs.

Mon traître/ Retour à Killybegs, Sorj CHALANDON

Parce que Sorj Chalandon me bouleverse en tant qu'être humain et en tant qu'auteur, et parce que je suis passionnée par l'histoire de l' Irlande depuis toujours, je me suis plongée dans ses deux romans qui abordent ce sujet : Mon traître et Retour à Killybegs.

Dans le premier, sous les traits du luthier parisien Antoine, Sorj Chalandon narre avec authenticité et sensibilité le parcours d'un homme meurtri par la posture déloyale d'un maître vénéré. Mon traître est un roman d'apprentissage empreint d'émotions fortes, fondé sur la puissance d'un amour hâtif et irraisonné pour cette terre irlandaise qui ne l'a pas vu naître et celle d'une amitié indéfectible pour ce peuple républicain opprimé.

Convaincue par la qualité de Mon traître, j'ai dévoré le second roman consacré à Tyrone Meehan et aux tenants de sa trahison, Retour à Killybegs, Grand Prix du roman de L' Académie française en 2011, dont les dimensions narrative et stylistique de haute tenue me paraissent supplanter celles du premier volet.

Mon traître/ Retour  à  Killybegs, Sorj CHALANDON

Résumé :

Mon Traître est l’histoire d’Antoine, luthier parisien qui découvre l’Irlande des violons. Il ne sait rien du Nord. Peu lui importe. Ses héros sont archetiers, grands luthiers de légende.

La guerre n’est pas encore passée par lui puis, un jour, elle s’impose. Antoine va devenir Tony, pour les gens de Belfast, parce qu’il les verra vivre et souffrir et se battre. Et qu’ils l’aimeront en retour comme un fils.

Et puis il y a Tyrone Meehan. L’Irlande est sa bataille. Il boit, il chante, il vous enlace, il vous prend le bras pour parler en secret. Il est engagé à jamais, sans que jamais rien ne le trahisse. Il est l’insoupçonnable. Tyrone donc, l’ami d’Antoine, son frère, son traître à lui.

Tyrone n’est pas Denis (le personnage réel qui a inspiré Tyrone). Leurs regards se ressemblent pourtant. Sorj Chalandon n’est pas Antoine, leur douleur est pourtant la même.

 

Quatrième de couverture :

 « Il trahissait depuis près de vingt ans. L’Irlande qu’il aimait tant, sa lutte, ses parents, ses enfants, ses camarades, ses amis, moi. Il nous avait trahis. Chaque matin. Chaque soir… S. C. »

Mon traître/ Retour  à  Killybegs, Sorj CHALANDON

Quatrième de couverture :

« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes […]. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi […]. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence. » Killybegs, le 24 décembre 2006, Tyrone Meehan.

Imaginer et comprendre la vie du héros dont la trahison a remis en cause les fondements de la vôtre, le faire, en lui donnant une seconde vie de fiction, résume et couronne le travail d’un écrivain. Philippe Lançon, Libération.

Un roman enflammé mais paradoxalement serein. André Rollin, Le Canard enchaîné.  

Grand prix du roman de l’Académie française 2011.

Ce que j'en ai pensé :

Cela fait déjà un quinzaine de jours que j'ai lu ces deux romans et depuis j'ai repoussé le moment d 'écrire ma chronique tant les mots me manquent pour en parler.Ceux qui me connaissent savent pourtant que c'est une réaction improbable chez moi qui suis une impénitente bavarde que le silence effraie.

Mais lorsque je suis amenée à évoquer les oeuvres de Sorj Chalandon , j'appréhende de ne pas parvenir à donner la mesure de l'immense talent de cet auteur qui est pour moi le plus brillant de sa génération.

Dans Mon traître comme dans Retour à Killybegs, l’écriture est remarquable, concise, percutante. Parvenir avec cette sobriété à rendre aussi poignants des personnages ou des scènes relève d’une grande virtuosité. De même que décrire, avec ces phrases courtes et ces mots simples, toute la complexité et les paradoxes de l’engagement dans la lutte armée.

Comme dans tous les romans que j'ai lus jusqu'ici de Sorj Chalandon , le récit est captivant et le lecteur est souvent submergé par la souffrance qu'il dépeint. La force de son écriture qui convoque toutes les richesses de la langue française vient au secours de la tragédie, du désespoir et réussit à dire l'inacceptable, la trahison.Elle permet de raconter la violence du père, de l'ennemi et celle du héros.

Les deux romans sont forts, prenant, âpres. Je les ai lus presque d'une traite, comme en apnée. L'auteur sait capter immédiatement l'attention et ne pas la relâcher jusqu'à la fin du récit qui laisse l'impression d'un KO debout.

J'ai donc adoré ces deux romans époustouflants car en plus de tenir du témoignage historique,ils racontent une fabuleuse histoire d'homme, et narrent le récit d'un engagement qui va jusqu'à l'acceptation de la déchéance humaine. Quand on connaît la part d'autobiographie de l'auteur ,journaliste ,ça n'en est que plus touchant.

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J
Écriture percutante, romans époustouflants, auteur brillant : je valide complètement !!! Si la pièce de théâtre "Mon traitre" est donnée près de chez toi, n'hésite pas, fonce !
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K
Merci Joëlle d'avoir commenté cet article.A travers ton blog, je sais à quel point tu partages avec moi une vraie admiration pour cet auteur. Je ne manquerais pas de suivre ton conseil si toutefois la pièce se joue dans ma région.Bonne soirée.